Psychanalyses Transgénérationnelles CHAPITRE 5
Le syndrome du Coucou
Pour la première fois Bernard la quarantaine passé , se sentait dans une impasse et il décida à franchir la porte d'un cabinet de psychanalyste . A l'image de beaucoup d'autres personnes, demander de l'aide lui semblait être un échec ,une faiblesse . Jusqu'à là ,il avait mené sa vie en se débrouillant seul, essayant de s'en sortir par la lecture d'ouvrages de psychanalyse et de psychologie .En vain .
Il n'était pas heureux ; il avait le sentiment d'avoir survécu au lieu de vivre " Je veux comprendre pourquoi mon frère est mort !" lance t-il après avoir plus ou moins bégayé la raison de sa venue . celà l'étonna,tant il semblait étrange de consulter pour son mal être tout en mettant en avant la question de son frère . Il débuta une série de rendez vous .Au fur et à mesure des scéances , il déroulait le fil de sa vie . La question fraternelle faisait partie d'un tout indissociable ,mêlant histoire personnelle et familiale .
Des Parents qui ne savent pas êtres Parents
Plusieurs années s'étaient déroulées pour débrouiller l'écheveau de la construction psychique de Bernard : patience nécessaire afin qu'il s'y reconsnaisse et qu'il sorte de l'enlisement dans lequel il se sentait pris lors de sa venue en thérapie. Il découvrait peu à peu comment il avait pu se reconstruire avec la configuration familiale qui était la sienne et qui n'était pas des plus simples.Ce temps lui fût nécessaire pour admettre qu'il avait souffert , car il pensait ne pas avoir subi autre chose que ce que la plupart des gens vivent en général ,ce qui n'était pas vraiment le cas.
En effet , les début de l'existence de Bernard et son frère avaient été plutôt chaotiques .Leur mère , Marie-Christine, s'était marié jeune, à 18 ans" avec le premier venu" comme elle le déclara par la suite, pour échapper à une tyrannie et une folie familiales. Unie à un homme qu'elle n'aimait pas, elle mis rapidement au monde Adrien,l'ainé et 2 ans après Bernard " presque que par l'opération du Saint Esprit" ,sans avoir jamais eu d'informations sur la sexualité . Elle devint donc mère avant d'avoir été femme. Le père,jeune médecin,travaillant jour et nuit pour bâtir sa clientèle ,follement amoureux de cette belle femme qui ne lui rendait pas,ne savait pas plus être père qu'elle ne pouvait être mère..Le couple vola en éclats aux 2 ans de Bernard . Marie-Christine partie avec ses deux enfants sous le bras ,de ville en ville. Après quelques années d'érrance,elle rencontra un homme qui devint leur beau-père,mais la relation dégénéra entre celui çi et ses enfants adoptifs. Adrien, le frère de Bernard , fit sa première fugue à l'âge de 10 ans . Il fugua régulièrement par la suite et les années 1970 lui permirent de confondre mal-être personnel et mode de vie hippie .
( Un petit peu d'Ambiance pour se mettre dans le bain )
Définitivement déscolarisé , il quitta pour toujours le domicile familial à l'âge de 13 ans ,puis erra de lieux en lieux jusqu'à ses 30 ans pour finir quasi Sans Domicile Fixe diminué par la maladie et les excès en tout genres . Son frère , Bernard, ayant un peu plus accoché aux études que lui , devint ingénieur informatique ,se maria ,divorça, avant d'entamer son analyse en thérapie.
L'hypothèse d'un fantôme Transgénérationnel
A 35 ans, la veille de son anniversaire, un 14 Juin, le frère de Bernard ,Adrien,en phase terminal du sida ,se jeta par la fenêtre de l'hopital ou il était soigné . Le personnel le laisa mourrir sur le sol "il n'y avait plus grand choses à semblait se manifester dans ce qui était arrivé à son frère, une histoire appartenant à leurs ancêtres .Il se donna comme mission de trouver des indices dans un méandres de dates et de noms de famille qu'il ne connaissait même pas .Il confondait d'ailleurs oncles,tantes ,cousins,cousines et neveux ,n'y voyant qu'une filiation sans aucune sens.
Sa quête le mit sur des pistes qu'ils pûrent au fur et à mesure intégrer dans sa thérapie personnelle.Le rôle de la psychogénéalogiste fût d'accueillir ce qu'il trouvait et de lui proposer des interprétations et explications qui parraissaient l'éclairer .
Bien que ce qu'un psychanalyste peut faire de mieux soit souvent de ne rien faire du tout , de juste permettre à l'autre d'accomplir son propre travail, il fût soutenu activement dans ses recherches . Ayant été plutôt un enfant mis à l'écart de sa famille, il avait là , besoin de ce soutien.
Orphelin de ses lignées
Bernard s'attaquait patiemment à la reconstruction de son arbre généalogique, ce qui représentait pour lui une découverte,car il s'apperçut qu'il ne connaissait vraiment rien de ses ancêtres .N'en n'ayant qu'une vague idée ,il se percevait comme
Orphelin de ses lignées . En effet, dans l'enfance des deux frères ,le divorce des parents les avait mis malgré eux, au ban des deux familles .Dans le silence freutré de sa famille paternelle, issus de la petite bourgeoisie provinciale , le divorce était une catastrophe impensable ; ils avaient petit à petit disparu du paysage .Les grands parents maternels,quand à eux acceptèrent ces deux "batards " par charité chrétienne accompagnée d'une sorte de mission qui aurait consisté à évangéliser des indigènes .Ils tenta de leur communiquer la foi par la menace et la crainte . les deux garçons n'allèrent plus guère voiur ces grands -parents, qui les oublièrent bien vite . C'est justement cette branche familiale qui intéressa d'emblée Bernard.
Il revint un jour exalté en scéance,pensant avoir trouvé une piste de taille à propos du suicide de son frère . En effet, il avait découvert que la mère et la soeur de son grand-père maternel étaient décédées en tombant toutes les deux à 4 jours d'intervalle : la fille avait mystérieusement chuté d'une falaise en Normandie ,
non loin d'Etretat ,alors que la famille était en vacances dans la résidence secondaire , sa mère était morte 4 jours plus tard en tombant dans l'escalier de la maison .Ces informations ,motivant une enquête de police ,avaient été d'ailleurs relatées dans le journal local . Bernard faisait un rapprochement avec le fait que son frère s'était défénestré . trois mort d'une manière similaire dans la même famille signifiaient une répétition et donc la présence probable d'un fantôme transgénérationnel . Qu'est-ce qui rapprochait ces 3 tragédies ? Bernard décida alors de mener une enquête sur les circonstances de la mort de ses aïeules ,en demandant à diverses membres de la famille ce qui s'était réellement passé .
Un après midi ,après le repas, la grande-tante ,une fille célibataire, était partie se promener seule sur le bord de la mer .Ne l'a voyant pas revenir au souper, on l'a chercha toute la soirée ; le lendemain ,quelqu'un vint annoncer à la maisonnée que l'on avait retrouvé son corps au pied d'une falaise .Effervéssence et effroi dans la famille qui décida de cacher à la mère le décès de sa fille . 4 jours plus tard..., au petit matin , sur la pelouse du jardin de la maison on retrouva cette fois le corps inerte de la mère ; des traces sanglantes sur le mur de l'escalier témoignaient de la chute de la vieille dame . Pendant un temps ,Bernard pensa même à la possibilité de meurtres ,mais il en déduisit finalement qu'il n'était pas questions de crime .
Il comprit cependant le rôle central que sa grand-mère maternelle avait joué dans cette tragédie familiale .
L' emprise violente d'une lignée sur une autre
A l'époque des faits régnait un climat très malsain entre la belle -mère et sa bru,la grand-mère de Bernard . On ne sait entre les deux femmes qui détestait le plus l'autre,mais ce qui est certain c'est que la plus pugnace fut la . belle-f fut la belle fille Dans son délire intégriste ,la grand-mère taxait sa belle-mère de " Suppot de Satan " , notamment parce qu'elle était d'une famille un peu plus ouverte au niveau de la morale . Pour couronner le tout, la grand -mère était d'origine vendéènne et sa belle-mère,d'origine bretonne : la guerre des chouans venait se mêler à l'affaire . Bernard déduisit de cette atmosphère de haine que sa grand-mère avait contribué ,en leur rendant la vie infernale ,à faire partir dans l'autre monde celles qu'elle concevait comme deux rivales . Après leur décès des deux femmes ,elle devenait l'unique héritière de son mari qui ,à part une cousine, restait le seul survivant de la lignée ,deux autres frères étant morts des suites de la Première Guerre mondiale . Trois ans après le décès des deux femmes, les grands-parents de Bernard devinrent propriétaires d'un magnifique château . Là encore, celui-çi y voyait une relation de cause à effet .Il mena son enquête , mais apparemment il n'y avait pas d'héritage important tant de ce côté . Toutefois , la mort des deux rivales permettait à sa grand-mère de vivre une rêve fondamental : hériter d'une " haute" lignée et devenir....
En effet ,si elle n'était pas très prolixe sur ses ancêtres ,qui s'averaient être des valets de ferme pour la plupart ,circulait la rumeur d'une origine noble dans la famille . Ainsi , une aïeule de cette lignée aurait été la fille naturelle du comte du château ou travaillait sa mère comme domestique . Bernard ne put jamais vérifié les faits de ce roman familial ,mais , pour lui ,ce fantasme tenait lieu d'explication . Si sa grand-mère avait réalisé une ascension sociale par son mariage avec un homme issu d'une famille de la haute bourgeoisie provinciales, devenir châtelaine était bien au delà des espérances . Elle pensait ainsi réparer l'injustice commise dans sa lignée sur une fille et sa mère non reconnues, par le père de l'enfant , un noble . Lui revint en tête la conversation téléphonique qu'il avait eu avec Adrien quand celui -çi était en phase terminale du sida . En plein délire, son frère lui avait adressé ces derniers mots avant sa mort :
" Tu te rend compte :j'ai une bague magique qui peut me donner un château! "De l'avis de Bernard, son frère lui avait livré là une des pièces de ce puzzle généalogique constituant une fantôme familial . En effet ,une petite cousine de son grand-père lui révéla qu'il y avait eu un contentieux d'héritage entre elle et la grand-mère à propos d'une bague . " Château,bague" ,Adrien , dans son délire , aurait montré ce qui hantait la famille :la main-mise violente d'une lignée sur une autre apportant folie et culpabilité chez ses descendants . Bernard avait pour habitude d'apporter ses rêves au cours des scéances . Il en fit deux qui me semblaient témoigner de ce fantôme familial . Le premier ,un cauchemar, se passait à l'étage d'une maison .Bernard voyait soudain deux têtes de femems coupées ,une grande et une petite ,posées sur un plateau en métal . Elles avaient les yeux fermés . Soudain , elles se mettaient à ouvrir les yeux et à regarder de façon menaçante . En fureur, il prenait alors les deux têtes pour les jeter par la fenêtre . L'interprétation d'un rêve se place dans un rapport thérapeutique si complexe qu'elle appartient intimement à la relation analytique entre l'analysant et l'analyse . Il importe que l'interpelation" parle " à celui qui la reçoit , au rêveur, que cela résonne en lui et pour lui, qu'il puisse en faire quelque chose dans sa recherche personnelle .Bernard pensait que ces deux têtes pouvaient représenter celles de son arrière grand-mère et de sa fille, celles qui étaient mortes en tombant ,mémoire inconsciente du fantôme venant le hanter . Cependant ,la fureur du rêve lui faisait également penser que les deux femmes pouvaient être sa grand - mère et la mère de celle-çi, son autre arrière grand-mère. En tout état de cause, en jetant les têtes par la fenêtres en rêve, il symbolisait l'événement traumatique de la famille , il le répétait. Ce genre de rêve était pour la psychgénéalogiste typiquement un rêve de " fantôme" ,concernant les générations antérieures ; il se distinguait nettement d'un rêve qui aurait pu concerner son enfance ou son vécu actuel .
Comment investir une lignée en faisant le coucou
En fait, il s'agissait d'une " Image fantômatique "
, une mère et sa fille tombant ensemble ,sorte de scruture récurrente que Bernard découvrit à plusieurs endroit de son arbre généalogique : cette sorte de Pattern répétitif concernait autant les générations antérieures que celles de sa mère et de sa grand-mère . Sa première interprétation avait été celle d'un crime psychique commis par sa grand-mère sur sa belle-soeur ,crime que les descendants devaient payer . Son frère serai tombé par la fenêtre par ce qu'on "l'aurait fait tomber" les ancêtres ,dans une sorte d' "oeil pour oeil,dent pour dent " généalogique .A mon avis, il y avait quelque chose de plus complexe derrière tout celà et , en dehors de l'influence néfaste de sa grand-mère ,les propres histoires existentielles de sa belle-mère et de sa belle-fille avait évidemment contribué à leur fin tragique . Ainsi ,la psychogénéalogiste pensait qu'Adrien , par sa défénestration, ayant répété ce qu'avaient vécu ses ancêtres plus qu'il n'aurait "payé " inconciemment la faute de l'un d'entre eux . Un second rêve ,très court, avait fortement marqué Bernard : celui d'un coucou qui poussait un oeuf hors du nid . Plusieurs sens pouvaient être attribués à ce rêve .Il fut clair pour la psychogénéalogiste ,que le coucou fut sa grand- mère , car bernanrd ne l'associait à personne d'autre . Cet oiseau au chant caratéristique pond son oeuf dans le nid d'un autre ,en le plaçant au milieu de la couvée déjà existante . Dés l'éclosion, l'intrus pousse alors les autres oeufs du nid , le parent hôte, souvent plus petit s'épuise à nourrir cette énorme progéniture qui n'est pas la sienne . Sa grand-mère aurait investi la lignée de son mari, tout comme le coucou prend possession du nid d'un autre .Elle aurait poussé dehors les autres occupants ,les seuls descendants encore vivants, pour profiter seule de l'apport de cette lignée. Si , dans l'esprit de Bernard ,sa grand-mère était le coucou de ce nid familial ,serait -ce là mère de celle-ci qui l'y aurait plaçée ? Il s'avérerait que cette arrière grand-mère ,morte de la tuberculose cinq ans avant le mariage de sa fille, n'avait pas connu son gendre . Elle n'avait donc pas pu telle une mère ambitieuse sans trop de scrupules forcer les choses pour que sa fille épouse cet homme de meilleure condition .
Une vie amoureuse passée à " Réparer " des mères à leurs filles
Cependant , tout comme la mère coucou laisse sa progéniture aux bons soins d'un hôte et disparait par la suite , la grand-mère de Bernanrd avait peut -être réalisé le voeu plus ou moins conscient de sa propre mère avant de mourrir : réparer une injustice de lignée et faire que sa fille devienne " quelqu'un " . Bernanrd découvrit par la suite que cette arrière grand-mère maternelle était née à la même date que celle du décès de son frère Adrien, le 14 Juin . Déjà 3 ans étaient passés depuis le début de ses investigations généalogique et Bernard retrouvait là cette date qu'il préssentait dès le départ comme capitale .Néanmoins , ce pouvait être un hazard, une coïncidence fortuite . Un événement soudain renforça ses déductions . Une de ses cousines de la lignée maternelle- qui se prostituait à domicile,avec sa mère ,
la tante de bernard par alliance-vint à décéder par overdose, à l'âge de 33 ans, un ...14 Juin . Ainsi sa cousine et sa tante prostituées " tombées" dans la débauche , étaient à l'image de son arrière grand-mère et de sa fille . Elles étaient d'une part " tombées " dans la misère ,car le père avait déserté trop tôt sa famille,laissant mère et fille dans le dénument le plus complet, et d'autre part sa grand-mère, en faisant un mariage d'intérêts, n'était pas loin de se conduire en " prostituée"
. La mère décédée à 45 ans de tuberculose, la rendant orpheline à 18 ans, apparassait comme une sorte d'icône funestre exigeant de ses descendants un dévouement inconscient et mortifère qui se signalait, deux générations après ,par des morts tragiques, à sa date d'anniversaire, un 14 Juin . Or le frère de Bernard avait attrapé le sida auprès d'une mère et de sa fille qui vivaient ensemble et avec qui il avait plongé dans l'éroïne . L'autre arrière grand-mère et sa fille étaient mortes en " tombant " à peu de jours d'intervalle ,partout dans cette histoire,se retrouvait une scruture relationnelle" fantomatique " incluant une mère et sa fille" tombant " ensemble . Bernard Compris que le signifiant "tomber" était la clé de cette histoire familiale. Personnes tombant dans cette misère,dans la débauche,dans l'escalier,d'une falaise ,d'une fenêtre,tout ce monde là tombait " ! Il commençait à mettre du sens ,à tout ce qu'il avait vécu, destins qu'il s'était refusé à admettre comme soumis à la loi du seul hazard . Il comprit également à quel point ce fantôme avait été déterminant dans sa vie affective : Il avait passé son temps à réparerdes mères et leurs filles dans ses histoires d'amour . Réaliser ce qui jusqu'a là lui etait totalement inconscient fût pour lui le début d'une nette amélioration de sa vie sentimentale.
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