Psychanalyses Transgénérationnelles CHAPITRE 2
Comment devenir un homme sans être étouffé par les femmes
" Pas plus d'une nuit "
Cyril était un beau jeune homme de 26 ans qui alignait les conquêtes avec la régularité d'un métronome "pas plus d'une nuit" était la devise qu'il tentait d'appliquer à la lettre avec ses rencontres féminines . En prédateur mondain ,il savait des le premier coup d'oeil , la porte ouverte sur une soirée à laquelle il était invité , qui serait celle de sa nuit. L'élue du soir relevait la tête, ils échangeaient un regard furtif. Un peu plus tard ,avec l'air de pas y toucher ,Cyril abordait son objectif avec l'application méthodique du chasseur prudent et chevronné : il n'avait plus qu'à lancer quelques séductions dont il avait le secret ,e t le reste suivait son cours .Chaque semaine ,sans état d'âme particulier ,il sortait avec plusieurs femmes expert en la matière,sorte de professionnel de l'amour .Peut être était il un bon amant ,en tout cas elles voulaient absolument approfondir cette relation. Il naviguait dans cet univers féminin comme un poisson dans l'eau. La seule petite difficulté à trouver, sans trop d'ennuis, le moyens le plus habile de se séparer rapidement de la conquête d'un soir ,à l'image de Rodolphe l'amant d'Emma Bovary,qui , en projetant de la séduire,se dit lors de leur première rencontre : " Oui mais comment m'en débarasser ensuite ? " . A ce sujet Cyril avait plusieurs techniques. Il y avait souvent au moment du départ le classique "on s'appelle" qui n'engageait à rienet surtout à rien d'ultérieur. Un autre stratagème assez efficace , dans le cas des filles trop insistantes , consistait à prendre un air romantique d'un chien battu arguait qu'il ne savait plus ou il en était,qu'il avait besoin de réfléchir..etc..Cette ruse, à moitié consciente chez lui , faisait ainsi que certaines femmes s'excusaient presque de l'avoir fait tant souffrir en ayant si maladroitement insisté pour qu'ils se revoient .Il semblait même que cet aspect romatique d'un homme un peu fragile et perdu en rajoutait à la séduction : celà redoublait son attrait,suscitant chez elles une sorte de terrible désir de le sauver . Elles seraient celles qui auraient celle qui sauraient lui donner ce qui lui manquait tant . Ces femmes sont souvent à l'image de Marion,hantée par un " fantôme de prince charmant/ frère mort " , ce qui confère alors au don juan ce côté si irrésistible . Car en vérité il est " mort" pour elles dès le départ.
Une cruelle sensation de vide
De quoi pouvait il donc se plaindre, lui qui était jeune, beau et séducteur?
( Un petit peu de musique branché pour séducteur )
Un trouble se situant du côté de l'être et non de l'avoir ,Cyril apportait une crelle sensation de vide ,conquête après conquête,cette sensation de vide comparable au sentiment de désarroi du toxicoman ,de l'alcoolique,du boulimique après qu'il a , une fois de plus cédé à sa compulsion. Il apparut assez rapidement que s'il naviguait avec aisance auprès des femmes,ce n'était qu'à condition de ne pas se fixer ; dans le cas contraire , elles semblaient représenter un danger .
Fuir la femme
Comme le requin qui se doit de nager sans cesse pour ne pas mourir
( écoutez la musique tout en lisant ce passage ,vous en comprendrez bien des choses )
, Cyril jouait le nomade de l'amour . Il incarnait ce paradoxe de souhaiter rester célibataire tout en ayant le désir bien réel de construire un couple et une famille. Un rêve qu'il fit était caractéristique de ce dilemme intérieur : il marchait derrière un homme tandis que des serpents s'enroulaient sans cesse autour de son cou; l'obligeant à s'en défaire en permanence .Le serpent étant dans la plupart des civilisations le symbole des forces et de la terre, la puissance féminine, ce rêve énonçait bien sa problématique : comment devenir un homme sans être étouffé par les femmes .Il tenta de comprendre ce qui dans la vie de son enfance,avait pu participé à cette configuration affective. ses parents formaient une union plutôt stable mais ne s'étaient jamais rencontrés dans l'amour. ils avaient partagé une sorte de quiproquo de vie ,dans lequel aucun n'était avec celui dont il avait rêvé : son père n'avait jamais été réellement amoureux de sa mère,tandis que celle çi avait attendu toute sa vienqu'il réponde a l'amour qu''elle lui portait . aussi il fut aisé de comprendre qu'à l'âge oedipien,ce fils unique avait été une sorte de consolation pour sa mère ;du coup il savait instinctivement comment séduire les femmes. il pouvait avec aisance être leur " phallus" . en revenche, sa mère l'ayant un peu trop abreuvé d'amour,toute femme, avec qui il restait était potentiellement susceptible de l'étouffer tel le serpent du rêve. Son expression courante était : "les femmes me prennent la tête".Cyril était donc coincé dans un oedipe non résolu : l'amour du père pour sa mère aurait contribué à le sdéparer d'elle et celà n'avait pas été le cas. Le père de Cyril n'aimait guère son épouse et avait par ailleurs régulièrement des maîtresses . Cyril s'était donc identifié à un homme qui n'investissait pas sa femme .Son père ,papillonnant avec d'autres conquêtes féminines, lui avait transmis une conception clivée du féminin,que l'on retrouve fréquemment encore de nos jours chez les hommes : la maman ou la putain . Celle qui est passagère,avec qui on jouit ,est une prostituée ,ce qui expliquerait le fameux " pas plus d'une nuit " et celle qui reste ,avec laquelle on ne peu pas jouir c'est.....maman . Car bien que l'oedipe donne à penser le contraire sa mère est la dernière choses qui puisse faire jouir un homme. Cette conception,plus ou moins consciente chez les hommes , de la " maman et la putain " s'emboîte alors parfaitement dans celle ,féminine, du "mari et du prince charmant" forment le couple officiel ,tandis que " la putain " et le " prince charmant" constituent les relations extraconjugales ou fantamatiques . Comme la mère de Cyril avait été étouffante , son donjuanisme était une stratégie de survie : tant qu'il maintenait les femmes dans un rôle de " putain" il n'était pas menacé par l'autre personnage fantamatique : la mère . Le célibat lui était donc quasi obligatoire alors qu'il souhaitait consciemment vivre une relation plus enrichissante, avec , ce qu'il disait , plus de sens et de stabilité .
Chercher le père
Don Juan , le mythe original, meurt face à une statue de pierre ,la statue du Commendeur , père d'une femme qu' il a violé . La pierre symbolise la dureté ,le masculin ,l'arrêt de la Loi par le père que Don Juan réclame dans une quête éffrénée . En courant derrière les femmes , en fait , il cherche désespérément son père , en se débarrassant sans cesse du féminin comme le rêve de Cyril et les serpents . A l'image du personnage ,Cyril une fois fixé dans l'amour ,se sentait menacé d'y être " statufié" ,comme il aurait pu l'être par la Gorgone,la célèbre femme à la tête de serpents.
Il lui a été recommandé de mettre à plat son arbre généalogique pour s'interroger sur la lignée de son père. En effet la souffrance dont il témoignait , révélait une absence de transmission masculine ,d'homme à homme , de père à fils . Car même si le Don Juan peut être un amant vigoureux et semble représenter une incarnation du mâle , en réalité sa crainte inconsciente du féminin est associée à celle de devenir père . La paternité est impensable pour lui ,ce qui montre un pénis et , souvent , s'en sert abondemment ,mais celui çi n'est pas relier mentalement à ses testicules , ce qui peut faire qu'il n'ait jamais d'enfant ou qu'il sème sa progéniture sans l'assumer . Sa conduite sexuelle est à l'image d'un bateau qui possède tout ce qu'il faut pour avancer ,mais n'a pas de gouvernail : il erre et tourne en rond .
Une origine transgénérationnelle au donjuanisme
Cyril trouva au niveau de son grand-père paternel une information capitale . Ce grand-père ,décédé ,s'était marié à sa grand-mère en revenant blessé de la guerre d'Indochine . Le couple avait eu un seul enfant , le père de Cyril ,qui avait découvert à la mort de son propre père que celui çi n'était pas son vrai géniteur : à cause de son handicap ,il ne pouvait donc pas avoir d'enfant . Il avait été conçu par l'insémination artificielle d'un donneur . Son père n'avait jamais voulu lui dire qu'il provenait pas de son sperme ,secret gardé intact non seulement pour son fils mais également par la suite pour son petit fils . Cyril n'en sut rien, jusqu'à ce que son père lui révèle à son tour la vérité . En réalité ,ce secret avait été transmis à Cyril mais d'inconscient à inconscient . Il se traduisait dans sa recherche permanente et vaine d'une confirmation d'antériosité paternelle manquante. Si le grand père de Cyril avait dit à son fils qu'il ne l'avait pas conçu avec son propre sperme,il aurait en même temps communiqué l'information qui comptait le plus pour lui : qu'il était son père de coeur , d'esprit, puisqu'il avait désiré le mettre au monde ,et que c'est celà qui fait un père. Cachant comme une honte la filiation physique donnée par un autre ,il réduisait uniquement la fonction paternelle au don de sperme sans lequel il pensait ne pouvoir revendiquer sa paternité . Au contraire , le secret avait ainsi provoqué une rupture de la filiation paternelle symbolique entre le grand-père , le père et le fils . C'était un fantôme dont Didier Dumas à très bien décrit la structure celui de la " non nomination des testicules 1" . Dans le Donjuanisme comme dans la plupart des conduites addictives ,un vide d'information ancestral produit une sorte de trou noir ,à l'image de ce qui se passe dans les galaxies,siphonnant l'ernergie des descendants et provoquant chez eux des conduites désordonnées et compulsives.
1 . Didier Dumas ,Et l'enfant créa le père ,Paris ,Hachette Littératures ,2000
Pour lire la suite allez sur ce lien chapitre 3 : http://sosfamillendanger.e-monsite.com/pages/psychogenealogiste/psychanalyses-transgenerationnelles-chapitre-3.html
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